DECRIPTION
Cette sous-espèce (Common Brown Lemur) a été décrite pour la première fois par E. Geoffroy en 1812.
Eulemur fulvus fulvus est la seule sous-espèce d’Eulemur fulvus ne présentant pas de dichromatisme sexuel marqué.
Le pelage est court, mais dense. Le dos présente une coloration brun uniforme à brun-gris, alors que le ventre est, plus blême et légèrement plus gris. Le visage, le museau et la couronne sont gris sombre à noir. Les oreilles sont modérément proéminentes. La queue est longue et légèrement touffue à son extrémité. Les yeux sont rouge-orange.
Les synonymes suivants ont été utilisés pour Eulemur fulvus fulvus :
Prosimia macromongoz (Lesson, 1840)
Lemur bruneus (van der Hoeven, 1844)
IDENTIFICATION
Eulemur fulvus fulvus est un Lemur de taille moyenne, dont le corps est généralement en position horizontale et les déplacements s’effectuent selon un mode quadrupède.
Dans la partie orientale de son aire de répartition Eulemur fulvus fulvus peut être confondu avec Eulemur rubriventer, mais ce dernier a une coloration un peu plus rougeâtre. De même dans les forêts du Nord-Ouest on peut le distinguer d’Eulemur mongoz du fait de sa coloration uniformément brune.
MENSURATION
Longueur totale : 84,5 à 101 cm
Tête et corps : 43 à 50 cm
Queue : 41,5 à 51 cm
Poids : 2,0 à 3,0 kg
HABITAT
Eulemur fulvus fulvus se rencontre dans des forêts tropicales humides de moyenne altitude, ainsi que dans des forêts sèches à arbres à feuilles caduques.
POPULATION
La population globale d’Eulemur fulvus fulvus n’est pas connue à Madagascar, et elle doit être d’environ 20 000 individus sur l’île de Mayotte.
Dans les forêts occidentales la densité de population est voisine de 170 individus par kilomètre carré, alors que dans les forêts tropicales humides orientales elle est de seulement 40 à 60 individus par kilomètre carré.
ALIMENTATION
Le régime alimentaire d’Eulemur fulvus fulvus est varié, il comprend des feuilles, des embryons, des fleurs et des fruits.
Dans certaines zones de l’Est les animaux peuvent se nourrir dans des plantations de fleurs, pins et eucalyptus.
COMMUNICATIONS
Les principales vocalisations peuvent se répartir en:
* Appels de contact
- Ronronnement: il peut être entendu pendant les soins sociaux. Son intensité et sa durée sont variables et ils sont généralement émis en série. Il est émis par les jeunes lorsqu'ils sont léchés par un adulte.
- Appel d'enfant en bas âge: c'est un signal très typique émis par le jeune lorsqu'il s'accroche au ventre de la mère. Il s'agit d'une série de sons grognant qui peuvent être mélangés, ou suivis, de 'oum' faibles. Ces vocalisations sont souvent répétées plusieurs fois. La mère est généralement très sensible à cet appel et elle interrompt son activité pour s'occuper du jeune.
- Appels de salutations: ils se produisent lorsque deux animaux d'un même groupe approchent l'un de l'autre. Il s'agit d'une série rapide de grognements précédée par un son intense, aigu. Ces appels sont souvent accompagnés de lèchements.
- Appels de contact: ils sont émis par un adulte isolé et sont formés de 'kiou' résonnants. Ils sont aussi lancés par un adolescent lorsqu'il est séparé de son groupe.
* Appels de communication éloignée
- Signaux cohésifs: on les entend lors des déplacements rapides des membres d'un groupe, ce sont des sons grognant doux, de rythme variable.
- Signaux d'identification: il s'agit d'une série de grognements forts, traînants. Ils sont généralement émis par un individu isolé (surtout un mâle, rarement une femelle). Ils appellent une réponse identique. On peut les entendre lors de la rencontre de deux groupes.
- Signaux territoriaux: ils sont très semblables aux appels puissants d'alarme. On peut les entendre le soir lorsque les animaux sont de retour à leur site de sommeil. Ils sont généralement émis simultanément par tous les individus d'un groupe et sont répétés toutes les deux à trois minutes pendant une durée variable.
* Appels d'alarme
- Alarme douce: elle se produit lorsque l'animal est dérangé par une intrusion persistante, même si il n'y a pas de danger. Ce sont des grognements provoquant une excitation mutuelle.
- Alarme forte: on les entend lorsque les animaux sont sérieusement alarmés. Ce sont des grognements devenant de plus en plus puissants. Selon le degré d'excitation ils se produisent à des intervalles de 2 à 5 secondes. En même temps les animaux balancent la queue (signal visuel d'excitation).
* Appels de contact - rejet
- Appels de menace: ce sont des appels résonnant, caractéristiques du comportement intimidateur du mâle dominant lorsque celui-ci est au centre du groupe.
- Grincements de dents: ils provoquent une réaction identique à l'excitation agressive.
- Appels d'aboiement: ils se produisent lorsqu'il y a une menace soudaine. Ce sont des grognements forts, ressemblant à un aboiement, qui alertent le groupe entier et peuvent dégénérer en appel d'alarme.
- Appels de détresse: on les entend lorsqu'un petit est séparé de sa mère. Ce sont des appels plaintifs et aigus. On eut aussi les entendre pendant les poursuites, les batailles entre individus de deux groupes différents. Il s'agit aussi d'un signal agressif émis par un individu très excité faisant face à un groupe.
Les signaux olfactifs sont fortement développés. Les animaux reniflent tout; ils peuvent ainsi repérer la maturité des fruits. Les marquages sont plus développés chez les mâles que chez les femelles et sont effectués seulement par les adultes. On trouve:
- Marquages par région ano-génitale: c'est le comportement le plus fréquent. Il constitue sans doute un signe de dominance et évoque souvent des réactions agressives.
- Marquage avec les poignets et les paumes: ce comportement ne semble pas exister chez les femelles. Il est souvent observé tôt le matin ou tard dans la soirée, lorsque le groupe est réuni ou lorsque deux groupes se rencontrent.
- Marquage avec le sommet de la tête: on l'observe surtout pendant les périodes de grande excitation.
Les signaux visuels montrent un développement assez important. Il sont une signification pour les relations du groupe et de l'extérieur, particulièrement en cas d'alarme. La position du corps et la direction du regard sont importants. Ils ont également une fonction à l'intérieur du groupe pour les comportements de dominance et de soumission.
CARYOTYPE
La formule caryotypique comprend 60 chromosomes dont 2 paires de sub métacentriques (une grande et une petite), 27 paires d’acrocentriques de petite taille, le chromosome X est un grand acrocentrique et le chromosome Y un petit acrocentrique
COMPORTEMENT
Eulemur fulvus fulvus se rencontre généralement en groupes de 3 à 12 individus. Ces groupes renferment plusieurs mâles et femelles adultes, avec des sub-adultes, des adolescents et des jeunes en bas âge. Ces groupes ne présentent aucune hiérarchie de dominance perceptible.
Ces animaux sont actifs pendant la journée et passent pratiquement tout leur temps dans l’auvent des forêts.
On peut assez souvent noter une certaine activité après la tombée de la nuit ; cette part d’activité étant sans doute dépendante du cycle lunaire.
Les territoires semblent être sous l’influence de l’habitat ; dans les forêts sèches occidentales leur superficie serait de 7 à 8 hectares, alors que dans les forêts tropicales humides elle pourrait atteindre 20 hectares.
Les territoires sont délimités par des marquages olfactifs ; plusieurs territoires peuvent se recouper.
REPRODUCTION
Les accouplements, chez Eulemur fulvus fulvus, on lieu en Mai et Juin, et après une période de gestation voisine de 120 jours les naissances surviennent en Septembre et Octobre, au début de la saison des pluies.
Habituellement il n’y a qu’un seul petit par portée. Les jeunes sont sevrés entre 4 et 5 mois et ils atteignent leur maturité sexuelle vers 18 mois.
DISTRIBUTION
Il existe deux populations distinctes d’Eulemur fulvus fulvus, l’une située à l’Est et l’autre au Nord-Ouest de Madagascar.
A l’Est cette sous-espèce se trouve dans des forêts tropicales humides, au Nord de la rivière Mangoro. Il pourrait y avoir ici un recouvrement avec l’aire de répartition d’Eulemur fulvus albifrons et des hybridations peuvent être possibles.
Dans le Nord-Ouest cette sous-espèce se trouve dans la forêt sèche au Nord de la rivière Betsiboka, l’aire de répartition s’étendant dans les forêts humides à arbres à feuilles persistantes de la région de Sambirano.
Entre ces deux zones Eulemur fulvus fulvus peut aussi être trouvé dans la Réserve Spéciale d’Ambohitantely.
Il existerait également une population isolée dans l’île de Mayotte, dans les Comores.
OBSERVATION
Le meilleur emplacement pour observer Eulemur fulvus fulvus se situe à Ampijoroa (une partie du Parc National d’Ankarafantsika).
Un autre site favorable est constitué par les forêts tropicales humides de la Réserve Spéciale d’Analamazaotra.
Eulemur fulvus fulvus est présent dans les Parcs Nationaux d'Andringitra, d'Ankarafantsika et de Mantadia; la Réserve Naturelle Intégrale de Tsaratanana; les Réserves Spéciales d'Ambatovaky, d'Ambohitantely, d'Analamazaotra, de Bora et de Manongarivo.
MENACE
La destruction de l’habitat typique d’Eulemur fulvus fulvus est la principale menace pesant sur cette sous-espèce.
CONSERVATION
Eulemur fulvus fulvus est présent dans au moins huit Aires Protégées.